L’Hestejada dé las Arts d’Uzeste Musical, du 17 au 22 août 2010, avait pour théme “Identité(s) Improvision(s) et Supermarché.
Monique Chemillier-Gendreau (juriste internationale, professeur émérite à l’Université Paris VII Denis Diderot) est intervenue, à cette occasion, sur le problème de l’identité, lors d’une conférence qu’elle a intitulé “Exaltation de l’identité ou comment l’on détruit les possibilités d’une communauté politique”
“La création hideuse d’un Ministère de l’identité nationale et de l’immigration et les débordements récents relatifs au retrait de la nationalité ont soulevé une certaine indignation et cela, jusque dans le camp de la majorité parmi le groupe que l’on désigne comme la droite républicaine. Et sans doute vous attendez-vous à ce que je m’engouffre dans cette voie. Certes, je partage cette indignation. Toutefois, je voudrais poser le problème autrement. Je pense en effet que cette politique menace la cohésion de la communauté politique. Mais il est nécessaire de poser en termes plus larges cette question de la communauté politique. Nous verrons alors que ce discours, si critiquable, sur l’identité nationale sert de premier échelon à un discours plus général et tout aussi dangereux qui est le discours sécuritaire. Dans ce dernier, on passe de l’identité à des processus d’identification par lesquels certains se donnent le pouvoir de définir l’identité supposée de ceux qu’ils considèrent comme dangereux parce qu’on les déclare susceptibles de commettre des crimes sexuels ou des attentats terroristes. Et ce discours sécuritaire entraîne des dérives policières de plus en plus accentuées.
Nous devons donc aller de la dénonciation et de l’analyse du premier discours, celui sur l’identité nationale, à la dénonciation et l’analyse du second, le discours sécuritaire général pour prendre la mesure de ce qui nous menace. (….)”